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l'ornementation romane de l'abbatiale Saint-Vigor

 

Bien que le roman normand ne soit pas aussi prolixe et exubérant que les écoles régionales du sud et du centre en ce qui concerne la statuaire, l'abbatiale de Cerisy-la-forêt, si elle ne présente pas de châpiteaux historiés, possède tout de même des sculptures et culots fort intéressants.

Le collatéral de droite est ainsi doté en fond de nef de ce personnage en tunique d'époque, symbole de "l'atlante" soutenant l'édifice. L'ensemble est un peu rudimentaire, surtout le visage, mais le vêtement est bien dessiné avec la ceinture et les deux mains serrant les cordes.

 

Dans la travée centrale un entrelac très fin d'influence celtique, qui montre bien comment les sources du roman étaient multi-culturelles, puisant à la fois dans le passé et dans le contemporain le plus éloigné géographiqement.

Un châpiteau de même inspiration se retrouve à l'étage (ci-dessous).

 

 

 

A l'entrée actuelle de la nef par le bas-côté, se trouve un des châpiteaux les plus finement sculptés. Il représente quatre fois en symétrie le même animal mystérieux, peut-être tiré de bestiaires ou fabliaux, coutumes courantes à l'époque.

Une fine broderie gravée dans la pierre vient remplir l'espace du décor.

Ce châpiteau existe aussi sur la pile centrale du transept sud, mais endommagé.

 

 

L'autre collatéral de nef offre également des éléments de grand intérêt.

Un des thèmes récurrents à cette abbatiale est la tête d'animal (plutôt féline), plus ou moins stylisée.

Le châpiteau ci-dessous en est un exemple, avec une langue largement tirée et quelques restes de polychromie d'époque. Une seconde tête figure sur le même pilier (à droite).

 

 

 

 

 

 

Un autre exemple avec ce félin dissimulé, oreilles dressées...

 

 

 

De magnifiques fresques ornaient l'ensemble de l'église dès sa création.

Il en reste heureusement de beaux fragments, dont certains restaurés, tel sur ce départ de l'arc doubleau et de la voûte d'arête du même collatéral.

Un "atlante" semble soutenir l'édifice avec ses deux bras levés. Il est représenté presque nu, peut-être pour signifier qu'il est un nouveau baptisé (les adultes étaient baptisés nus par trois immersions sucessives dans les premiers siècles du christianisme) et qu'il est maintenant en force d'assumer ses nouvelles responsabilités.

(c)Gérard Tétrel
(c)Gérard Tétrel

 

 

 

 

 

Ce dispositif ornemental à bases de formes géométriques répétées et de feuillages stylisés se poursuit sur toute la voûte et vient retomber sur le pilier opposé.

 

 

 

 

Pour changer, une représentation humaine pleine de poésie avec ces deux visages joue contre joue liés dans un cercle... Un autre symbole à décoder ?...

 

D'autres châpiteaux somptueux , toujours animaliers, se trouvent aux étages. Ceux-ci n'étant pas accessibles au visiteur, il ne pourra donc les voir d'en bas, ou difficilement dans le meilleur des cas. D'où l'intérêt de les représenter ici.

 

 

Le lion très fréquent dans l'iconographie romane peut-être représenté la queue à l'extérieur ou, comme ici, entre les pattes (et remontant sur le dos), signe de soumission.

 

 

 

 

Le transept sud se signale lui aussi par quelques sculptures typées,  au pied du troisième niveau, comme celle, unique dans l'abbatiale, de cette tête de moine d'un modernisme troublant dans sa stylisation; Art primitif, moyen-âgeux ou moderne ?  Les repères se perdent un peu...

 

 

 

A l'étage comme au rez-de-chaussée, des châpiteaux avec des motifs stylisés et élégants contrastant avec les représentations animales ou humaines...

 

 

 

 

Dans la première des deux travées du choeur côté gauche, cette magnifique tête, à nouveau très stylisée et d'aspect, rappelant un certain art moderne...

(c) photos : Daniel le Gallic, Pierre-Yves Lemeur , Gérard Tétrel

(c) textes : Yvon Lesouef