Vous êtes sur la page Chef-d'oeuvre roman Une perle gothique

 

 

Et maintenant, quittons l'abbatiale et retournons sur nos pas...

...pour nous intéresser à la partie gothique de l'abbaye...

 

Cette partie vient jouxter la Chapelle de l'Abbé sur un angle. Elle présente un morceau de mur de l'ancien logis de l'abbé (au centre ci-dessus), et également  l'espace entier de la travée gothique de rajout à la nef romane au XIIIè siècle.

Bien que nous soyons ici face au côté extérieur de cette ancienne travée, nous la voyons décorée d'une série d'arcades gothiques (XIIIè siècle) du meilleur effet avec notamment cette baie géminée surmontée d'un occulus au-dessus de six arcades aveugles aux fines colonettes, avec d'élégants châpiteaux de feuillage et de délicates feuilles de chêne incrustées dans des trilobes.

Ces sculptures rappellent celles de la façade de la cathédrale de Bayeux.

 

 

Juste à la gauche de cette partie en ruines se situe la Chapelle de l'Abbé, ou chapelle Saint-Gerbold (du nom du 14ème évêque de Bayeux). 

Une vraie perle gothique que cette chapelle, construite en 1260 grâce à un don de Saint-Louis.

 

(c) Daniel Le Gallic
(c) Daniel Le Gallic

 

En haut de l'escalier, la loggia richement décorée de châpiteaux et d'une belle rosace donne accès à la chapelle qui est une digne héritière en miniature de la fameuse Sainte-Chapelle de Paris, construite quelque temps auparavant. L'abbé avait droit à une chapelle à usage privé car il avait fonction d'évêque.

 

Tout le côté droit est d'origine, tandis que le côté gauche a été reconstruit au XVè siècle à la suite d'un effondrement pendant la Guerre de Cent Ans. Il n'y a cependant aucune rupture brutale de style, et on peut féliciter l'architecte d'avoir oeuvré avec tant de goût. L'ensemble a été reconstruit à l'identique, excepté les meneaux flamboyants  et quelques petits châpiteaux, le côté droit présentant de simples meneaux et des occuli. Deux-cent-vingt années tout de même séparent les deux côtés.

La voûte retombe sur un pan coupé, ce qui donne des arcs brisés et forme  des ailes de chauve-souris.

La fine abside est polygonale et implantée extérieurement dans un gable droit. On peut remarquer en bas  au centre un autel et une fresque du XVè siècle, à leur gauche une porte condamnée et sur la droite un double lavabo d'origine.

La porte communiquait autrefois directement avec l'abbatiale qui venait jouxter la chapelle  sur un angle et permettait ainsi à l'abbé de passer intérieurement de l'une à l'autre.

Les peintures ont beaucoup souffert notamment en 1562, lors des Guerres de Religion, lorsqu' une bande de protestants est venue saccager l'abbaye, puis pendant les 165 ans que la chapelle servit de grenier à foin. Cette fresque représente trois épisodes de la vie de Sainte-Marie, la naissance (très rarement représentée), l'Annonciation et la Nativité. On y voit également Saint-Vigor en évêque (tout à droite) et l'abbé Laurent Leclerc s'agenouillant, cet abbé qui avec Richard Sabine a permis la restauration de l'abbaye après la Guerre de Cent Ans. Une certaine façon de passer à la postérité (en bonne compagnie)...

Les deux colonettes au-dessus de l'autel sont décorées de chevrons vivement colorés. La décoration se poursuit sur les pierres d'encadrement de l'ancienne  porte menant à l'abbatiale, avec des motifs de feuillage stylisés. D'autre motifs de décoration peinte apparaissent ça et là sur les murs de la chapelle, nous rappelant que l'ensemble en était autrefois pourvu, tout comme l'abbatiale.

 

 

Cette piscine sacrée à double lavabo, comme on les fit jusqu'au XIVè siècle, est tout simplement somptueuse. Elle servait aux ablutions rituelles que le prêtre faisait avant et après la communion. Par ses deux trilobes bien arrondis, elle porte la marque du temps de Saint-Louis.

(c) Daniel Le Gallic
(c) Daniel Le Gallic

Le plafond est orné de quatre clefs de voûte du XVè siècle.

A l'arrière-plan, au niveau de l'abside, on trouve les armes de France, modifiées à l'issue du mariage d'Anne de Bretagne et de Louis XII par l'adjonction de trois hermines noires terminées par des fleurs de lys.

 

 

 

 

 

En troisième position, les deux léopards, enblème de la Normandie, forment avec la mitre d'évêque les armes de l'abbaye.

 

 

 

      En seconde position (soit tout en haut de la photo d'ensemble et ci-contre), à nouveau  un blason avec trois fleurs de lys. Celui-ci représente le cardinal Charles de Bourbon, qui fut abbé commendataire de Cerisy.

 

 

 

Et enfin, la première clef de voûte lorsque l'on passe la porte d'entrée est celle des barons du Hommet qui firent don à l'abbaye du prieuré de Saint-Fromond, prieuré d'origine romane situé à 15 km de Cerisy. 

 

 

 

Des ornements sacerdotaux (chasubles, étoles) ayant appartenu à l'abbaye de Cerisy sont parfois visibles lors des visites guidées. Ils datent des XVIIè et XVIIIè siècles, et se signalent par un remarquable travail d'impressions mais aussi de broderie, spécialement pour certaines parties en fil d'or.

 

Les cercles rouges peints sur les colonnes (en haut de la photo) sont ceux de la consécration. Ils étaient au nombre de douze, celui des apôtres.

 

Autrefois un riche carrelage en brique vernissée à motif de fleurs de lys ornait le sol de la chapelle (il a été refait au pied de l'autel).

(c) photos : Daniel le Gallic, Pierre-Yves Lemeur, anonyme

(c) textes : Yvon Lesouef