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des ducs de Normandie aux rois de France

Après être échue à Richard Coeur de Lion, la Normandie passe à son frère, Jean sans Terre, dernier duc de Normandie.

Le roi Philippe Auguste la lui confisque en 1204. L'abbaye cesse donc d'être ducale pour devenir Abbaye royale.

 

l'extension gothique de l'abbaye

 

 

Dès lors, de nombreuses donations royales vont permettre d'éxécuter d'importants travaux qui vont changer la physionomie de l 'Abbaye.

La façade est modifiée par la construction d'un porche gothique et de deux tours; les bâtiments claustraux sont agrandis et, en 1260, la chapelle de l'Abbé, précédée d'une "loggia", est édifiée à la suite d'un don du roi Louis IX, dit Saint-Louis, passé à l'Abbaye de Cerisy en 1256 lors d'un pélerinage vers le  Mont-Saint-Michel.

Des dons seront également faits par Charles IV en 1323 et Charles VI en 1398, qui furent vraisemblablement à l'origine du voûtement du choeur de l'abbatiale et de la reprise de l'abside dont la coursière supérieure fut modifiée afin de lancer le nervures de la nouvelle voûte gothique, en remplacement de la voûte romane effondrée.

La réalisation d'un riche carrelage vernissé et celle des stalles par les huchiers de Cerisy en 1400, marquent la fin de la première période faste de l'Abbaye.

 

Dessin de Henri javalet reconstituant l'église et l'entrée de l'abbaye au XIIIè siècle
Dessin de Henri javalet reconstituant l'église et l'entrée de l'abbaye au XIIIè siècle
gravure de John Sell Cotman
gravure de John Sell Cotman

 

 

 

 

Sur le dessin ci-dessus, on voit l'abbatiale avec sa nouvelle façade (porche gothique à cinq arcades et deux tours carrées) mais nous n'avons de ce fait aucune idée de la façade originale du XIè siècle. Avait-elle la grandiose austérité de celle de l'église de l'abbaye aux hommes de Caen ou la richesse décorative de celle de l'église romane de Ouistreham (gravure ci-contre) ? Cette question ne pouvant trouver réponse, il nous reste à imaginer...

 

 

les désastres de la Guerre de Cent Ans

  Si, au seuil du XIVè siècle, le royaume de France apparaissait riche, peuplé et puissant, les rivalités dynastiques entre les Capétiens Valois et les rois d'Angleterre, qui descendent des mêmes ancêtres, vont plonger le pays dans la Guerre de Cent Ans, entraînant les difficultés économiques, les pestes et la misère.

L'Abbaye est alors fortifiée et une garnison s'y installe. En 1418, Richard de Silly, chevalier et capitaine de l'Abbaye, est contraint de remettre les clefs de celle-ci au roi d' Angleterre.

 

Après la victoire du connétable de Richemont sur les Anglais à Formigny (1450), la Normandie revient définitivement au royaume de France.

 

voir la reconstitution animée de la bataille

L'abbatiale de Cerisy gravée par John Sell Cotman, début du 19è siècle. Ici, l'on voit les réfections entreprises  au XVè siècle (piles de la croisée du transept, arcs gothiques sans châpiteau).
L'abbatiale de Cerisy gravée par John Sell Cotman, début du 19è siècle. Ici, l'on voit les réfections entreprises au XVè siècle (piles de la croisée du transept, arcs gothiques sans châpiteau).

 

 

 

La restauration de l'Abbaye est alors entreprise par les abbés Sabine et Le Clerc. Le premier renforcement des piles de la croisée du transept, celui des arcs les reliant, et le bouchement de nombreuses baies sont attribués à cette période, ainsi que d'importants aménagements dans la chapelle de l'Abbé. Richard Sabine, abbé de 1446 à 1472, commence la construction d'un nouveau cloître, aujourd'hui disparu, qui est achevé par son successeur l'abbé Laurent Le Clerc. En 1499, ce dernier est inhumé dans la nef.

le temps de la commende

En 1502, l'Abbaye passe sous l'autorité d'abbés "commendataires" qui sont des administrateurs temporaires, laïcs ou séculiers, des biens d'église, sans obligation de résidence, et bénéficient des revenus qui y sont attachés. L'état des locaux se dégrade progressivement et la rigueur monastique se relâche.

La France, après la période de prospérité qui a suivi la fin de la Guerre de Cent Ans, connaît de nouveau les atrocités de la guerre : une lutte sanglante oppose les partisans de la réforme calviniste au parti catholique des Médicis. C'est le début de la Guerre de Religion. Le jour de la pentecôte de l'année 1562, les Huguenots s'emparent de Cerisy, saccagent et détruisent l'Abbaye. Les documents, chartes et autres biens irremplaçables, sont emportés ou brûlés. Trois ans après, pour comble de malchance, la foudre endommage le clocher et incendie la nef.

 

Depuis, l'histoire de l'Abbaye ne cesse de décliner. De 1652 à 1661, le cardinal Mazarin est nommé abbé, mais ne se rendra jamais à Cerisy. L'année 1714 voit s'écrouler le croisillon Nord à la suite d'un incendie; il est reconstruit à peu de frais et sans goût.

la congrégation de Saint-Maur redonne vie à l'abbaye

L'introduction, à partir de 1716, de la congrégation bénédictine de Saint-Maur, fait revivre l'Abbaye pour un temps. Le monastère gothique est démoli et reconstruit dans le style  classique et, en 1731, "on pava en grand carreau de pierre dure, la nef de l'église et les deux collatéraux jusqu'aux autels des chapelles de la Sainte Vierge et de saint Nicolas".

En 1738, le choeur, la voûte de l'ancienne tour lanterne et ses quatres piliers, en état de vétusté, sont consolidés et blanchis. En 1745, la partie occidentale de la nef (quatre premières travées) est alors attribuée à la paroisse et séparée de la partie réservée aux moines par un mur de refend. En 1766, le dernier étage du clocher est reconstruit.

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