Vous êtes sur la page Il était une fois...Robert le Magnifique

des chrétiens bâtisseurs

le Magnifique

En 1032, l'un des descendants de Rollon, le duc Robert, dit le Magnifique ou le Libéral, édicte la charte de fondation d'un nouveau monastère, l'abbaye d'hommes de Cerisy, dédié à Vigor, l'ancien évêque de Bayeux. Mais les archives diocésaines nous font part d'un abbé en fonction dès 1030. Il y avait donc déjà un monastère en ce temps (à tout le moins une église). La fondation de Robert  dut se faire avec, ou à partir d'un ensemble déjà existant.

On sait que des  reliques y sont apportées très tôt de Jérusalem, témoignant ainsi de l'intérêt que le duc accorde à Cerisy. En 1035, il refonde également l'abbaye féminine de Montivilliers. Parti pour un pélerinage en Terre sainte, Il décède cette même année à Nicée, en Asie mineure. Il n'a que 25 ans.

 

la statue de Robert le Magnifique à Falaise
la statue de Robert le Magnifique à Falaise

Robert le Magnifique descend en droite ligne et en quatrième génération de Rollon, chef des vikings "sédentarisés" et premier duc de Normandie (de 911, après le traité de saint-Clair sur Epte, jusqu'à 932). Rollon a pour fils Guillaume Longue Epée (duc de 932 à 942), qui a pour fils Richard Ier sans Peur (duc de 943 à 996), qui a pour fils Richard II le Bon (duc de 996 à 1026), lui-même père de Robert (duc de 1027 à 1035, après la mort  (suspecte) de son frère Richard III).

Robert se retrouve duc à 17 ans. Personnage haut en couleurs, adolescent rebelle et seigneur au grand coeur, c'est un aventurier conquérant comme son fils, qui aime guerroyer. Il a été volontairement confondu par les anciens historiens dans le but de le discréditer avec Robert le Diable, personnage légendaire et monstrueux dans sa barbarie. De sa liaison à la danoise avec sa concubine Arlette, fille d'un tanneur de Falaise, naîtra le célèbre Guillaume.

le Château de Falaise, ancien fief de Robert et ville natale de son fils, le célèbre Guillaume. Dans ce château, considérablement modifié au cours des siècles, Guillaume trouva maintes fois refuge dans ses jeunes années (gravure de John Sell Cotman).
le Château de Falaise, ancien fief de Robert et ville natale de son fils, le célèbre Guillaume. Dans ce château, considérablement modifié au cours des siècles, Guillaume trouva maintes fois refuge dans ses jeunes années (gravure de John Sell Cotman).

le Conquérant

En 1048, Guillaume le Conquérant (fils de Robert et duc à sa succession) fait don à l'abbaye d'un os du bras droit de Saint-Vigor. Mais ce n'était probablement pas l'abbaye telle que nous la connaissons. On suppose que les travaux d'édification des sept travées de la nef furent entrepris durant les deux dernières décennies du XIè siècle; quand à l'abside, le tracé de ses fondations daterait de 1089.

Guillaume fera de nombreux autres dons à l'abbaye, et la reliera à la juridiction de Rome.

  

Il est raconté qu' Arlette, au cours de sa première nuit d'amour avec Robert, au château de Falaise, fit le songe qu'un arbre sortait de son corps et grandissait jusqu'au ciel et que son ombre venait à couvrir toute la Normandie...Ainsi fut conçu celui qui, de Bâtard, devint Conquérant et roi d'Angleterre.

A la mort de son père en 1035, Guillaume a  8 ans. L'enfance sera agitée, car dès la nouvelle de la disparition de Robert, la Normandie s'embrase dans la lutte pour le pouvoir. En 1042, à 15 ans, il est en compagnie de son tuteur pour reprendre possession de la ville de Falaise.   

1047 est l'année de la chevauchée de Valognes où Guillaume échappe de peu au complot des conjurés et trouvera refuge à Falaise. C'est encore cette même année qu'il triomphera lors de la bataille de Val-ès-Dunes sur ces mêmes conjurés qui continuaient de contester sa légimité. Cette victoire raménera la paix à l'intérieur du Duché.

1050 est  l'année où Guillaume épouse sa cousine Mathilde, petite-fille du roi de France Robert le Pieux et nièce du roi régnant Henri Ier, que le pape Leon IX qualifiera d' "union incestueuse".

La bataille gagnée de Varaville en 1057, la construction du château de Caen en 1058 seront des étapes supplémentaires dans la croissance et la stabilisation du duché.

La "grande affaire" de Guillaume sera évidemment la conquête de l'Angleterre, racontée par la célèbre Tapisserie de Bayeux qui fut probablement commandée par Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume.

Alors qu' Edouard le Confesseur avait fait promesse à Guillaume de la succession du trône, voilà qu'il change d'avis et désigne Harold, couronné le 6 janvier 1066.

Au printemps Guillaume concentre sa flotte à Dives, le 12 septembre met le cap sur Saint-Valéry-sur-Somme d'où le 28, au moins 7000 hommes et 700 navires atteindront la côte anglaise en une nuit. Le 14 octobre a lieu la bataille d'Hastings, dont Guillaume triomphera avec difficulté. Le 25 décembre, il est couronné roi à Westminster.

 

 

voir video la saga de Guillaume le Conquérant

 (8mn04)

 

voir video la bataille d'Hastings contée par la Tapisserie de Bayeux (par Damien Octau 7mn34)

 

Devenu roi d'Angleterre, Guillaume exportera cet art roman normand d'architecture, que certains qualifient d'anglo-normand. Des convois de pierre de Caen y seront acheminés.

La construction de l'église romane telle qu'elle subsiste aujourd'hui ne fut donc pas entreprise au temps de Robert le Magnifique, mais en celui de  Guillaume, et terminée après sa mort. Elle est donc en partie contemporaine de l'abbaye aux Hommes fondée par ce dernier à Caen, et la question peut se poser du même maître d'oeuvre (Lanfranc de Pavie, moine italien) ou pas.

Ci-contre, une vue probable (côté nord) de l'abbatiale romane vers la fin du XIè siècle, avec sa tour lanterne plus haute qu'aujourd'hui et ses sept travées de nef faisant de cet edifice d'une taille ambitieuse un vaisseau de 90 mètres de long et de 40 mètres de large pour le bras du transept. Nous n'avons malheureusement aucune idée précise de la façade romane d'origine, remplacée dès le milieu du XIIIè siècle.

les heures de gloire

 

Au XIIè siècle, Cerisy étend ses pouvoirs sur les anciennes abbayes mérovingiennes de Deux-Jumeaux et Saint-Fromond et fonde des prieurés à Saint-Marcouf, Barnavast et Vauville.

A cette époque, une dévotion commune à la cause de l'église romaine soude les Normands d'Angleterre, de France, d'Italie méridionale et de Grèce. Partout, leur efficacité militaire s'affirme, ainsi que leur talent pour la construction. L'architecture religieuse connaît alors sa période la plus brillante.

En 1178, le pape Alexandre III confirme par une bulle particulière, les privilèges de l'Abbaye de Cerisy qui atteint l'apogée de sa gloire au cours de la fin du XIIè siècle.

Cerisy est un bourg important à cette époque. L'abbaye comportera jusqu'à 48 paroisses et 8 prieurés dont deux en Angleterre (Sherbone et Peterborough).

Tout en dépendant du Saint-Siège, Cerisy entretient d'étroites relations avec les monastères du Mont-Saint-Michel, de Saint-Ouen, de Jumièges, du Bec-Hellouin, de Fécamp et bien entendu de Caen.

 

(c) textes : Yvon Lesouef + collectif

retour à la page il était une fois...